Amer héroïsme – Wreaths at the Foot of the Mountain de Xie Jin (1985)

Les années 1980 ont vu l’avènement des cinémas chinois, à travers les nouvelles vagues de Hong Kong et de Taïwan, et de la Cinquième génération en Chine continentale. La cinquième génération n’est cependant pas la seule à exercer pendant cette décennie en République Populaire. En 1985, Xie Jin, un vétéran de la troisième génération, réalisateur notamment de Basket Woman N°5 en 1957, sort Wreaths at the Foot of Mountain, un récit sur la guerre sino-vietnamienne.

Sur un poste frontière près du Vietnam, la vie des soldats en place est plutôt douce, marquée par les exercices, les chahutages et la camaraderie. Un jeune chef est nommé pour diriger cette troupe, ce qui ne manque d’attiser la méfiance vers cet homme que l’on estime pas assez fort pour l’armée. C’est alors que la guerre sino-vietnamienne de 1979 éclate…

Xie Jin a longtemps exercé son métier de réalisateur sous les années noires du maoïsme et de la révolution culturelle. Quiconque aborde sa filmographie peut craindre, de par son profil, une certaine soumission au discours officiel. Avec Wreaths at the Foot of the Mountain, adapté d’un roman, Xie Jin se révèle étonnamment critique envers un certain versant du patriotisme.

Trois personnages principaux animent le film : un sous-officier d’un certain âge et jeune papa, sympathique et doux ; un autre sous-officier, lui aussi père de famille et qui a tendance à contester les décisions de hiérarchie qu’il trouve injuste ; et ce jeune chef, la trentaine, fiancé, couvé dans un cocon d’une famille pourtant militaire qui cherchera à l’extirper du conflit. Le sort que leur réservera la guerre sera l’occasion de décrire la réponse de l’administration chinoise à leur héroïsme, en perspective de leur caractère. Le sous-officier critique vis-à-vis de la hiérarchie se verra bafoué pour cette raison. Ce faisant, Xie Jin fait le portrait d’individualités ce qui va à l’encontre à l’idée du collectif chinois. Les protagonistes sont tour à tour guidés par la peur de l’avenir, la conscience de leur devoir de soldat, l’amour de leur famille. Mais ce qui prédomine, c’est l’amertume qui découle du prétendu héroïsme à rendre à la nation. La résultante de ce très court conflit, dont l’origine n’est étayée que de très loin, à travers une coupure de journal, ne consiste qu’en la mort et l’absence de reconnaissance, tout au plus d’une « couronne au pied de la montagne ».

D’un point de vue esthétique, Wreaths at the Foot of the Mountain demeure rectiligne, à la lisière du soap opéra lors des discussions familiales. Les scènes de combats militaires au milieu du l’intrigue parviennent cependant à instaurer une grande tension.

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