En 1978, Jackie Chan est la star du film hongkongais Drunken master, ou Le maître chinois en français. On y découvre un artiste martial tout feu tout flamme, bavard et incorrigible, qui se fera enseigner la technique de l’homme ivre par un maître peu conventionnel chargé de le redresser, un sifu (maître chinois). Ce film est un véritable festival d’humour et d’action, d’un grand dynamisme, qui présage de l’œuvre à venir de Jackie Chan. Vinrent les années 1980, qui consacre Jackie Chan comme le second succès mondial de la Golden Harvest après Bruce Lee, avec des films devenus des classiques : Le marin des mers de Chine, Police story, Armour of God, Big brother et j’en passe. En 1994, Jackie Chan est toujours une superstar d’Hong Kong, qui ne va pas tarder à investir Hollywood. Il co-réalise avec le sifu Liu Chia-liang la suite de Drunken master, intitulé chez nous Combats de maître. Autant ne pas faire durer le suspense : Drunken master II est un genre d’apothéose.
Pourquoi donc ? Ce qui a caractérisé tout le cinéma de Jackie Chan jusque-là est son humour, son action et le tout mélangé qui donne un rythme incroyable. Je vous renvoie à cette vidéo de Every frame is a painting qui explique très bien cela. Dans Drunken master II, qui est en fait un reboot et non une suite, tout cet aspect est maîtrisé à la perfection, et jamais nous n’aurons autant regardé un film de Jackie Chan avec de gros yeux d’enfant pleins de paillettes.
En effet, Drunken master II est un film qui déploie dès la première seconde un rythme d’un dynamisme à toute épreuve, et qui s’y accroche à fond de train jusqu’à un combat final plus que flamboyant. Pour dire, même l’idée de donner le rôle du jeune disciple à Jackie Chan et à Anita Mui, le rôle de sa mère, n’a rien de gênant, malgré l’âge incohérent de ces acteurs. On se fiche en effet de ce genre de détail, car on n’a pas le temps de s’y attarder tant on est embarqué dans des combats punchy et des gags savoureux.
Si Liu Chia-liang est le réalisateur qui signe le film sur le générique, et on ne doute pas qu’il y a apposé sa patte d’expert en arts martiaux, on reconnait tout aussi bien la méthode Jackie Chan, cette façon si subtile et puissante de proposer un rythme, en allongeant les plans séquence, en insistant sur un gag pour le rendre vraiment drôle et stopper au bon moment… À titre d’exemple, le patron d’usine qui remet au travail ses ouvriers à coups de kung-fu est exquis : qui imaginerait une telle scène ? On serait presque tenté de dire un enfant, et ce n’est pas un défaut en soi. Juste une façon innocente et fraîche de proposer une histoire.
À fond de train donc, nous arrivons au combat final, découpé au poil et avec un adversaire au style bien identifié (il est spécialiste des kicks). Perfection est un qualificatif qui peut être apposé à cette séquence, rien ne dépasse, aucun faux raccord, aucun segment inutile, juste une dynamique très accrocheuse.
Depuis Bruce Lee, la Golden Harvest aura proposé énormément de films en tous genres à un public mondial, ouvrant ainsi une fenêtre sur la culture chinoise. Jackie Chan a énormément contribué à cela par ses talents de comédiens et de réalisateur, mais surtout son savoir-faire en la matière, tel un artisan de l’humour et de l’action. Drunken master II est l’essence de son cinéma et mérite vraiment de s’y attarder, ne serait-ce pour se rappeler que le cinéma d’action a connu ses chefs-d’œuvre, en opposition à certains films occidentaux du genre, très standardisés et ennuyeux, mais dont on ne cesse de nous abreuver.
Rai sifu, très bel article qui me rappelle qu’il est temps que je visionne cette série de films (en plus tes captures d’image de Jackie Chan m’ont touchée en plein cœur~)
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Merci, tu es toujours au rendez-vous 😀
Eh oui Jackie Chan est fringuant dans ce film ~
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