Petit article pour un documentaire qui m’a bien plu de la réalisatrice japonaise Naomi Kawase. Je prendrais beaucoup de pincettes, pour la simple et bonne raison que je connais très mal la filmographie de Kawase et que je me réfère au bonus du DVD pour parler. Voilà pour ma contextualisation, voyons celle de Kawase maintenant.
Genpin est un documentaire qui suit les traces du Dr. Yoshimura, obstétricien qui fait accoucher les femmes en dehors du cadre hospitalier, dans un domaine très proche de la nature. On y découvre des femmes et leur rapport à la maternité, le pourquoi du choix de cette clinique atypique et leurs accouchements mêmes.
Au premier regard, Genpin est somme toute un document vidéo très simple, qui suit l’idée du « moins d’effets de mises en scène possibles » (pas de carton, peu de musique, déroulé linéaire, etc) pour être au plus proche du sujet. C’est selon moi donc, un documentaire de qualité, car bien que nous pénétrons énormément dans l’intimité de ses femmes, puisque nous les voyons accoucher, ce procédé empêche le voyeurisme. Les accouchements apparaissent dans un contexte très précis, celui du projet de cet homme, qui prône un essentialisme, un respect des croyances anciennes, des divinité et de la mort comme de la vie. Ainsi, avec cette façon de tourner, tout tient debout de façon très naturelle, la réalité nous est montrée dans une version brut et instructive.
Pour autant, comme le précise le critique de cinéma Arnaud Hée en bonus DVD, Naomi Kawase monte certains pans de son documentaire de telle manière qu’une forme de mise en scène apparaît, et fasse écho à sa vie (son passé de petite fille adoptée par sa tante) comme à sa filmographie.
Par la contextualisation, ce simple documentaire, qui peut manquer au premier abord d’intérêt réellement filmique, réussit à répondre à deux exigences : la probité par la mise en scène, pour un sujet potentiellement voyeur (à ce titre, les documentaires télévisés font pâle figure) ; la cohérence sur la théorie des auteurs, avec un film qui s’intègre parfaitement dans la filmographie de sa réalisatrice.
Petit film, qui parle de l’humain, de la naissance, de la mort, de la modernité, de la tradition, sans négliger de dresser un portrait non-manichéen de son protagoniste (si ce médecin a des intentions nobles, il a un côté gourou qui peut refroidir). Un objet très intéressant, qui vaut le détour.
Je ne trouve pas que le sujet soit « potentiellement voyeur », il n’y a rien de plus naturel qu’une naissance. Après oui ça peut choquer si on n’a jamais vu d’image/de vidéo :’) Mais j’aime justement le fait que la réalisatrice nous rappelle d’où on vient (littéralement haha), sans édulcorer le procédé. Et encore, elle fait quand même gaffe, c’est pas le magazine de la santé (pour le peu du documentaire que j’ai vu).
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En fait, quand je dis voyeur, je pensais à l’émission TV en France qui nous faisait assister à des accouchements et les quelques débats sur le voyeurisme. Je voulais opposer ces deux visions que sont la télévision et son excès de mise en scène et un documentaire de cinéma bien fait.
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